En effet, maintenant, la route va
rester tout du long en haute altitude !
Après être sortis de la ville, avoir
passé un petit barrage opéré par la « Pamir Energy »,
nous nous retrouvons dans une vallée encaissée avec la rivière
Ghunt coulant au fond… encore un des « portails »
d’entrée dans la ville (Depuis l’Ouzbekistan, chaque ville a le
sien, plus ou moins grand… vous avez du en repérer plusieurs dans
les photos précédentes.), une statue de mouton Marco Polo (très
gros bouquetin) emblème du Massif du Pamir, des tunnels semi-ouverts
avec une fresque commémoratif des 40 ans de l’URSS, nous arrivons
au premier checkpoint après une petite descente. A nouveau un
village, oasis de verdure dans ce désert minéral.
Belle surprise, la route est toute
asphaltée, elle monte presque régulièrement (sans nous faire
descendre tout ce qu’on monte…), ça va presque être facile !
Premier objectif : rejoindre le village de Jelondi, dernier
village avant le premier haut col à 4200m et l’arrivée sur le
plateau du Pamir !
Ah oui ! Et aussi… ça y est !
Il commence à faire froid ! Nous sommes tout heureux de sortir
polaires et softshells, enfin ! En fait, il a plu à Khorog très
tôt ce matin, des nuages menaçants cachent les hauts sommets et la
fin de la vallée, et d’après le garde-frontière, il a neigé à
Murgab. Les montagnes autour de nous ont désormais le chapeau
recouvert d’un fin manteau de neige qui ajoute à la magie du lieu…
Les villages sont magnifiques,
verdoyants, plein de vie, des gens heureux et accueillants,… la vie
est simple et difficile l’hiver mais elle suit son cours (Nous
essayerons de vous raconter tout ce qu’on a vu dans ces villages).
Et puis les paysages autour de nous… les pics enneigés
apparaissent, les murs de rochers se succèdent, et au fond d’une
large vallée, le ruban de la route suit une rivière aventureuse
d’un bleu très clair… palette de couleurs encore une fois !
A midi, un couple suisse, Rosy et Andy,
et un anglais, Dan, nous rattrapent, le feeling passe très bien et
nous continuons avec eux !
Le soir, nous demandons à camper en
arrivant dans une plaine au cœur de la vallée… cette famille nous
proposera de dormir dans la maison vide à côté de la leur, et nous
offrira thé et pain, une soirée mémorable… encore merci aux
pamiris car cette hospitalité et cette gentillesse seront de
mises pour toute la suite !!! Pour en savoir plus, lire extrait de
vie…
Après un nouveau çay typique (thé
noir + lait + sel + beurre) offert par la famille qui nous accueille,
nous leur offrons quelques cadeaux (cartes postales, « cartes
de visite », couteau suisse ;),…), et remontons sur les
vélos. La route serpente toujours en fond d’une gigantesque
vallée, le long de la jolie rivière Ghunt (jusqu’à Khorog, nous
suivions la rivière Pyang qui marque la frontière entre Tadjikistan
et Afghanistan). Nous avons l’impression que les montagnes sont
plus petites ici :)… à bien y réfléchir, elles sont
toujours aussi hautes (5000 – 6000 m) ! mais c’est nous
qui sommes plus haut ! Nous franchissons définitivement la
barre de 3000 m d’altitude !
Encore plusieurs villages, la route
monte tranquillement mais sûrement vers la hauteur, notre de pause
de midi dans un arrêt de bus nous permet de discuter avec les
écoliers. Parlant un anglais parfait pour certains ! Les
enfants vont donc pour la plupart à l’école, le matin, parfois au
prix de quelques kilomètres de marche, en tenue d’école
s’il-vous-plaît ! Parfois très classe !
Nous continuons dans des paysages très
minéraux et d’une grande beauté, nous croisons quelques statues
symboliques de la faune sauvage du coin, mais tout comme la flore,
elle est très limitée et très sauvage en effet ! Les rivières
rendent les fonds de vallées très fertiles où les verts jouent
avec les jaunes et le bleu de la rivière, couleurs qui tranchent…
Depuis Khorog, nous démarrons à 7h30-8h le matin puis roulons
jusqu’à la pause déjeuner, et la météo incroyable, très beau
temps et température parfaite au soleil (l’altitude amène une
température relativement fraîche, autour de 15-20°C, très
agréable avec les rayons du soleil qui nous réchauffent), nous
permet de repartir tout de suite. Ainsi, dans l’après-midi, nous
acceptons une des nombreuses propositions à boire le çay dans une
maison en bord de route. Maison en terre habitée par des paysans,
une seule pièce, un poêle, et des tissus et tapis colorés. Table
basse ronde, tapis au sol, nous nous installons en tailleur autour
des tasses de thé et des biscuits et bonbons disposés au milieu.
Finalement après une journée de folie, 76km et 900m de dénivelé
positif, nous arrivons au dernier « grand » village
avant… « la suite » ! Jelondi qui nous accueille
avec des sources chaudes pour une fin d’après-midi qui nous voit
tous vidés de toute énergie ! Campement monté dans un
jardin/enclos pour animaux abandonnés, en bord de rivière…
détente…
Le lendemain, nous nous réveillons à
3600m d’altitude, et ce n’est pas la grande forme pour Rosy,
nausée, fatigue et vertiges… mal d’altitude ! Et puis,
c’est la première nuit où nous utilisons vraiment nos sacs de
couchage grand froid ! Enfin ! Il a fait très froid (bien
en –dessous de 0°C), tout est gelé au matin, y compris quelques
cristaux de glace dans la tente mais nous ça va bien… On prend le
temps de la discussion en allant au magasin du coin (nourriture mais
aussi vêtements, piles, mécanique, et… une carcasse de mouton
laissé à l’air libre avec les mouches qui virevoltent… le tout
dans 10 m2 donc pas beaucoup de choix) acheter nos traditionnelles
pates, soupes, biscuits,… et même patates, oignons et saucisses
cette fois, repas de rois ! Nous décidons de prendre une
journée de repos pour s’acclimater à l’altitude…
Matinée rando pour les 3 gars,
grimpette sur les sentiers d’animaux vers un pic facile à 4400m,
comme à la maison ! A l’exception de la respiration… c’est
clair nous sommes en altitude et l’oxygène vient à manquer !
Nous avons le souffle court, sensation nouvelle et bizarre lors d’une
randonnée en montagne. Et vues intéressantes sur la vallée, la
route et la rivière depuis les hauteurs… ça semble facile la
Pamir Highway vu d’ici !
Repos, bons repas (pour l’instant,
nous avons encore des légumes…), discussions, et soirée autour
d’un feu de camp, tout le monde est en forme !
Puis c’est le grand jour ! Nous
partons vers les sommets, au début la route est asphaltée et
facile, on monte doucement… depuis hier, nous croisons une grande
partie de la famille « Pamir Septembre 2013 » que nous
commençons à bien connaître : Claire et Marc, Stéphane et
Bakie, Ellis et Willem, Rosy et Andy, Dan, et nous deux, qui se
suivont à quelques jours près. Nous grimpons avec Claire et Marc
vers les hautes altitudes, ils sont malades malheureusement. La route
devient dure, une piste sableuse et très pentue, Sophie et Claire
sont crevées, le vent souffle… vers midi, nous atteignons enfin le
col à plus de 4270m d’altitude, paysages incroyables et maison
perdue au fin fond du monde !
Ensuite, nous enchaînons les montées
et descentes, avec deux autres cols à 4200 et 4100m d’altitude, le
vent nous pousse parfois, l’asphalte défoncée « facilite »
les choses en comparaison de la piste rocailleuse suivit tout du long
jusqu’à Khorog.
Comme tous les jours qui suivront, nous
croisons une dizaine de voitures (enfin de 4*4, il n’y a plus que
ça maintenant !) et de camions par jour, plutôt tranquille
comme route… Sentiment de seuls de monde…
L’ambiance devient folle jusqu’au
summum lorsque nous voyons apparaître LE plateau ! Une immense
plaine fertile parcourue de rivières, de surfaces herbeuses, de
lacs salés, à 4000m d’altitude, entourée de sommets enneigés,
univers minéral de toutes les couleurs ! Le soleil se couche…
nos compagnons sont déjà plus loin… nous décidons de suivre les
conseils de plusieurs voyageurs… on prend la bifurcation… une
piste sableuse serpentant dans un canyon, suivie par les poteaux
téléphoniques… sur les derniers kilomètres c’est la pleine
lune qui nous éclairent… jusqu’à Bulunkul ! Justement…
paysage complètement lunaire ! Féérique avec cette lune très
lumineuse et une fin de coucher de soleil sur le lac aux reflets
violacés. Le guide Lonely Planet décrit : « end-of-the-world
tadjik settlement »… chacun de ces mots prennent tout leur
sens ici ! Encore plus sous la pleine lune… Nous dormons dans une
homestay après notre arrivée tardive et une folle journée de
vélo ! On nous propose çay, pain, et… macaronis ! Les
meilleurs de notre vie ;)
Le lendemain, après un yogurt local,
nous découvrons un paysage lunaire sous le lever du soleil… nous
sommes bien au bout du monde et nous partons marcher encore plus
loin… vers le lac Yashil-Kul : « a surreal turquoise
lake framed by ochre desert », encore une fois les mots du
Lonely Planet sont tout à fait exacts ! Incroyable ! Nous
marchons aussi dans une plaine fertile, au milieu de yacks (ça y
est, on les a vu !!!), puis une plage au bord du lac, et une
cabane protégeant des sources chaudes :)
Après un nouveau repas rapide, des
jeux avec les enfants et une discussion rapide avec le prof d’anglais
(les enfants vont toujours à l’école), nous repartons vers
Alichur… et soyons honnête, à partir de là, on en bave ! La
piste est très sableuse, obligés de pousser les vélos même sur le
plat souvent, puis la route fait de nombreux détours, voir se
divise, ça monte et ça descend sans arrêt (de 20, 30, 50m de
dénivelé pas plus mais c’est tous les km !)… désert de
sable, on croise des touristes en jeep, un « gardien du parc
national » en moto,… nous mettrons 4h pour faire 30km et
n’arriver qu’au village de Ak-Jar au coucher du soleil. Ici,
toutes les maisons sont en ruines… à part une ! De la fumée
s’échappe du conduit de cheminée… deux hommes sortent et nous
accueillent chaleureusement :)
Comment vous décrire le tout ? …
à nouveau maison en terre, une pièce d’entrée non chauffée pour
se déchausser et stocker les crottes séchées, puis une seule pièce
de vie, cette famille kirghize est très très pauvre… ils nous
offrent çay, pain et pâtes (au fur et à mesure, nous découvrons
que les seuls aliments sur le Plateau du Pamir sont pain, pâtes,
lait et yogurt, pour les plus riches, pommes de terre et biscuits,
gluten et lactose uniquement, les corps souffrent avec une telle
gastronomie). Tapis au sol (pour s’isoler du sol et pour s’asseoir
pour les tapis plus épais), deux meubles et un poêle en fond de
pièce, un berceau, et un set de batterie de camion pour faire
fonctionner l’unique ampoule LED et charger des téléphones
portables qui diffusent de la musique dans toute la pièce !!!
Comme depuis l’Iran, la femme est en
retrait, s’occupe du bébé, mange après,… nous développerons
plus longuement sur la place de la femme dans tous ces pays
musulmans, il y a beaucoup à comprendre ! Le frère qui vit
aussi ici s’en va. Les enfants nous sourient et rigolent en nous
observant attentivement dans la pénombre de l’ampoule. Le père
nous explique qu’il a des rages de dent et que leur bébé a
sûrement une maladie mentale. Ils ont le même âge que nous mais en
paraissent 15 de plus ! Seule famille à des km à la ronde et
sans argent, ils ne peuvent rien faire. Nous voulons leur donner des
médicaments, mais nous ne savons pas ce que le bébé a comme
maladie et nos médicaments seraient dangereux pour un aussi jeune
enfant. Comment leur donner en retour, comment les aider, que peut-on
leur apporter ?! Questionnements existentiels d’occidentaux…
La situation n’est pas facile à accepter pour nous. Espérons leur
apporter un moment qui sorte de l’ordinaire, un peu de bonheur
supplémentaire à celui qu’ils arrivent à vivre au quotidien, un
message peut être. Nous ne sommes pas là pour rien ce soir… Pour
nous message perturbant pour l’instant, pauvreté ou plutôt
simplicité extrême de la vie, avec du bonheur malgré tout…
Nous repartons pédaler un peu
désemparés le matin dans le froid, après avoir échangé avec eux
et joué avec les enfants… nous roulons, nous roulons…
Piste toujours pas bonne, mais après
10km supplémentaires, nous arrivons enfin à Alichur ! Ouf !
C’est le Far West ici ! Des maisons posées par ci par là sur
un terrain très désertique… où est le sherif ?! Quelques
courses au market, et on repart,… mais les conditions de route de
la Pamir Highway continuent de faire souffrir les vélos, Soan, le
vélo de Julien, commence à faire du bruit… à peine sortis de la
ville, on s’arrête, le disque de frein touche à nouveau la
plaquette, dur de rouler ! C’est toujours le moyeu qui prend
de plus en plus de jeu et que nous n’arrivons pas à bien
resserrer. Même manip que depuis quelques semaines,… avec notre
nouvelle pince achetée à Khorog… suspens ! Même coup que le
Leatherman quelques jours plus tôt… cassée nette à la première
utilisation !!! Rire ou pleurer, on ne sait plus…
Bon… que fait-on… Julien a du mal à
se résigner, mais nous retournons à la maison du prof d’anglais
d’Alichur qui nous avait proposé un çay… nous passerons la
journée à bricoler en plein milieu de l’Himalaya, ce n’est pas
le moment !!! (C’est jamais le moment nous direz vous) Nous
décidons carrément de changer le moyeu, donc de re-rayonner toute
la roue arrière sans appareil adapté… pour ceux qui ne
connaissent pas, ce n’est pas une mince affaire si on veut quelque
chose de propre et durable ! La nuit tombe, on s’arrête là
pour le bricolage, et toute la famille qui nous avait observé
pendant la journée, nous accueille pour dormir…
Quelques moments de vie dans ce village
perdu dans des conditions difficiles… les enfants vont à l’école
quelques heures par jour, il y a même un gymnase où les ados jouent
au volley à très bon niveau !, le prof d’anglais a plusieurs
camions près de sa maison, et a construit une extension avec
faux-plafond bois et éclairage LED dernier cri, les puits parcourent
le village et sont partagés (pas d’eau autrement ici), les crottes
de vache séchées sont stockées dans les cabanons, le village tout
en long en suivant la route Pamir « Highway »…
Il est temps de rattraper notre journée
perdue, nous partons sur une route toute droite en faux plat montant.
A midi, nous mangeons sous le vent en haut d’un col facile à
atteindre, on roule bien ! Nous repartons rapidement, les
montagnes sont magiques autour, on se croit aux USA, dans les
canyons, beaucoup de couleurs et toujours cette ligne de poteaux
électriques… et les yourtes kirghizes ponctuent les paysages. La
saison d’été se termine, ils commencent à ramener le combustible
(crottes et plantes séchées) vers les villages, à rassembler les
troupeaux de chèvres, moutons et yacks dans la vallée, à démonter
les yourtes, l’hiver s’installera bientôt et la vie va devenir
encore plus dure…
Nous avons le vent en poupe !
Presque 100km plus tard (et oooppp retard rattrapé par rapport
au planning qui nous impose de sortir du Tadjikistan avant le 26 !),
nous sommes à quelques km de Murgab, il est 16h, une belle rivière
entourée de verdure se présente… allez campons ici ! Le
terrain de camping est parfait, l’eau un peu froide mais on lave
quelques vêtements, la vaisselle, et on prend le temps d’écrire
quelques mots pour le blog. Des camions en route pour la Chine
s’arrêtent aussi pour la nuit au pied d’une statue de tigre. Bon
repas en préparation avec des pommes de terre (le Graal pour nous !)
achetée à Alichur… mais Julien ne se sent pas bien… et soudain,
il se jette hors de la tente et vomit sur les chaussures !!! Que
se passe-t-il ? On passe rapidement à la « purge annuelle
programmée » qui a généralement lieu à cette période
effectivement… et la nuit le confirmera… plusieurs vomis hors et
dans la tente… à l’appart, c’était quand même plus facile à
gérer ! On vous laisse imaginer l’ambiance…
Au réveil, ça va mieux même si nous
sommes fatigués par cette courte nuit… petite anecdote… le feu
se déclare dans un des camions à 200m de là… une bouteille de
gaz vide évacuée de la cabine du camion et qui finira de se
consumer à l’air libre !!! Alala ces camionneurs !!!
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