1 juil. 2013

Chemin de Vie n°4

Je reviens sur mes / nos sentiments du voyage.
Ces dernières semaines, après bientôt deux mois de voyage, certains questionnements se posent sur notre aventure. Ce que nous apporte ce voyage et comment nous voyons la suite au jour le jour. Non pas que nous ayons déjà envie de rentrer ;) mais plutôt comment nous pouvons le transformer. Besoin de vivre plusieurs jours au même endroit, posés, au calme, dans une maison qu’on ne démonte pas tous les matins. Notre premier wwoofing prévu en Turquie dans 3 semaines va arriver à pic ! Ensuite, nous prendrons soin de nous créer à nouveau ces opportunités en Inde sûrement, puis dans les pays suivants en Asie.

Pourquoi cette sensation ?
Comme on le disait dans les articles précédents, nous avons besoin de temps pour nous adapter, nous habituer au mode de vie « survie », ou peut-être même qu’on ne s’habitue jamais vraiment. Nous sommes nés dans un monde occidental, avec tout le confort « moderne » qui nous apparaît comme étant « du ». Et tout cela est très bien, je ne le remets sûrement pas en question. Mais il me paraît enrichissant pour chacun de prendre du recul sur le confort moderne pour vivre de temps en temps, chacun à son échelle, hors de ce mode de vie de nos sociétés « développées ». Un peu comme un rite de passage (le service militaire en étant un il y a quelques années), nous pourrions prendre la mesure de certaines tâches quotidiennes qui sont maintenant facilitées, nous permettant de développer d’autres activités / loisirs / passions / idées … :
-    Collecte d’eau potable
-    Recherche de nourriture (Nous n’avons pas encore essayé de cueillir de plantes ou de chasser, nous continuons de nous servir dans ces endroits très pratiques que sont les marchés et les supermarchés !)
-    Détermination de notre parcours, de nos déplacements
Mais aussi avoir la force pour accepter :
-    Les conditions climatiques très changeantes (Pluie, froid, vent, chaleur, soleil,… et cela est loin d’être facile tous les jours, et demande parfait de grandes adaptations. On comprend pourquoi avoir un toit, écologique de préférence, sur la tête est effectivement un très bonne idée !)
-    Les cultures et les comportements des personnes qui nous entourent
-    Les langues différentes (Pour se faire comprendre et comprendre, les panneaux de direction par exemple :), et puis les conversations restent souvent superficielles, centrées autour de notre voyage, sans aller dans plus de profondeur)
-    Les changements de monnaie (Pour l’instant, à part les kunas en Croatie et les leks en Albanie, nous sommes restés en euros)
-    Et l’effort physique presque tous les jours dans le cas de notre type de voyage.
Heureusement, nous sommes de parfaits compagnons de voyage, très complémentaires… Sophie repèrent les distributeurs de billets pendant que moi j’ai l’œil plus avisé sur les fontaines à eau… Sophie fait super bien le cuisine, pendant que je monte la tente et rédige notre carnet de bord… Lorsqu’un de nous deux à un coup de blues, la flemme ou est fatigué, c’est l’autre qui remonte la barre ! A nous deux, on trouve toujours une solution.Globalement, on se plaint assez peu ;) (On sait la chance que nous avons d’être là !). Nos visions de ce voyage sont très proches et cela aide beaucoup !

Tous ces changements par rapport à la vie que nous menons en France nous permettent désormais, et nous permettrons plus tard, d’apprécier à leur juste valeur les conforts de la vie moderne (une bonne douche chaude, un lit confortable, de la bonne bouffe, une maison avec quatre murs, un toit et un chauffage…). Ne serait-ce qu’inconsciemment, nous ne vivrons plus jamais pareil en France. Durant notre voyage, c’est génial car nous nous satisfaisons de petits bonheurs simples : boire un icetea frais, manger au restaurant, se poser dans un camping,… on ne se rend pas compte quel bien fou cela procure ! ;)

Je vous reparle de toutes ces découvertes du voyage car ça m’amène à un grand sujet personnel… la satisfaction de ce qu’on a / possède / est / …
Depuis notre départ de France, je continue à prendre du recul sur ce que je vis, sur les pensées, les émotions et les sentiments que je ressens. Une anecdote va me permettre d’illustrer ce que j’aimerais vous exprimer sur le fait d’être satisfait dans le moment présent.
Cette anecdote se déroule en France, nous grimpons péniblement sur la route depuis Gréoux-les-Bains, les vélos bien chargés et la température qui monte au fur et à mesure de la matinée. Les bagages commencent à se faire lors. La route nous mène vers le magnifique village de Moustiers-Sainte-Marie, à l’entrée des Gorges du Verdon. Après plusieurs centaines de mètres de dénivelé, nous arrivons au carrefour en bas du village, soit nous continuons la route principale sur laquelle nous redescendrons de toute façon pour continuer la journée, soit nous montons à Moustiers-Sainte-Marie pour le déjeuner, soit nous ne perdons pas de temps et d’énergie et continuons sur notre parcours. Pour trouver de la nourriture et visitons un des plus beaux villages de France, nous grimpons 100m de dénivelé de plus… avec le poids de nos bagages sur les vélos, c’est dur dur ! Or l’objectif suivant est la montée vers les Gorges du Verdon… Nous apprenons à l’office du tourisme que nous n’avons même pas fait la moitié du dénivelé, et encore ça c’est sans compter la route touristique qui permet de découvrir l’ensemble des Gorges et d’aller au sentier Martel que je rêvais de parcourir depuis longtemps (chemin tracé au cœur du canyon des Gorges, à flanc de falaise, passage par des échelles, points de vue sublimes,…). Or on nous informe aussi que le sentier Martel est fermé durant 2 jours suite aux grosses pluies des derniers jours. Dans ma déception, j’imagine encore des plans pour aller quand même marcher sur ce sentier. Sophie est très fatiguée et ne se voit pas monter 10m de dénivelé de plus à vélo… Gros dilemme pour moi ! A la fois, nous avons toute la vie pour revenir dans le coin, surtout que les Gorges du Verdon sont en France et pas au fin fond de l’Himalaya. Et puis, durant deux ans, nous allons découvrir encore beaucoup d’endroits très jolis. D’un autre côté, nous sommes tout prêt de ce lieu magique, Sophie est d’accord pour m’attendre sur notre lieu de camping du soir, en lisant et en se reposant. Décision difficile à prendre… Je suis fatigué et courbaturé aussi, nous descendrons tranquillement au bord du Lac Sainte Croix, en profitant de points de vue extraordinaire, pour une soirée inoubliable. Mais mon esprit s’accroche à l’idée que j’ai raté quelque chose, que c’était le moment pour aller observer ces gorges dont que je ne vois que le débouché avec le Verdon qui se calme enfin en se jetant dans le lac. C’était le moment pour parcourir ce sentier Martel dont on m’a tant parlé ! Et forcément, mon esprit est presque tenté de rejeter la faute vers l’extérieur, vers cette météo exécrable qui fait que le sentier est fermé, vers ces routes qui montent sans arrêt, vers Sophie qui est fatiguée ;), je vous rassure, je m’accroche pas à ses pensées qui se présentent 
Car en même temps, je « vois », j’observe mon esprit réagir de cette façon qui en un sens me paraît absurde. « Je » prends du recul sur ces pensées, ses émotions, ses sentiments, je les vis pleinement et à la fois, j’aspire à profiter du moment présent, être juste là, et voir que c’est bien la seule chose la plus importante et la seule vraie façon d’être heureux.

Ce type de situation se reproduira plusieurs fois durant le voyage jusqu’ici, à plus ou moins forte intensité, et à chaque fois, mon esprit justifiera son insatisfaction par des pensées plus folles les unes que les autres. En un sens, le voyage amplifie toutes ces frustrations : on rate des endroits qu’on aura surement plus jamais l’occasion de revoir, Sophie pourrait être plus rapide sur le vélo, on pourrait en faire plus quand même au jour le jour durant ce voyage qui ne se reproduira pas tous les jours. A Gordes, au pied des Apenins, au camping Dubrovnik (Beaucoup de temps passé à mettre à jour le blog, envie de faire autre chose, puis frustration, et je ne me serais finalement reposé, je n’aurai pas pris mon temps, je n’aurais pas discuté avec les personnes rencontrées sur place. Je caricature fortement ;)), au Mont Olympe, partout j’aurais ces sensations d’insatisfaction à l’esprit. Et partout, « je » les observerais se développer et se justifier par plein de raisons différentes ! On rigole bien avec mon esprit !!! ;)

Je suis sûr que certains d’entre vous se retrouvent dans ces situations. Pour ma part, c’est justement une part de ce que je suis venu chercher dans ce voyage. Sortir du quotidien en France, où tout passe très vite et où nous sommes vite obnubilés par toutes les tâches à faire, pour pouvoir approfondir une autre manière de vivre. Le voyage à vélo m’offre cette « fenêtre » (il existe plein d’autres moyens…) pour observer mon esprit réagir à toutes sortes de situation, toujours insatisfait, voir mon ego agir alors que le moment présent est juste parfait et déjà tellement intense tel qu’il est. Le bonheur est là ! Juste là devant nous ! ;)

Durant les heures passées à pédaler et pendant le Jour du Seigneur que nous nous offrons aussi de temps en temps pour assimiler l’intensité du voyage, les audios et les livres (Le pouvoir du moment présent et Nouvelle Terre) de l'auteur Eckart Tolle (que certains connaissent sûrement) m’aident beaucoup à comprendre le fonctionnement de l’esprit et cette philosophie de la vie dans le moment présent.

Plus largement, l’insatisfaction peut se révéler avec plus ou moins d’intensité dans différents aspects de la vie selon les personnes, et s’appliquer aux possessions matérielles, à un idéal de vie désiré, à des questionnements existentiels sur le sens de la vie, à une quête perpétuelle du bonheur,…

2 commentaires:

  1. Nous sommes rentrés chez nous en Bretagne! Je vous retrouve avec plaisir! Je comprends tout à fait votre besoin de vous poser de temps en temps quelques jours au même endroit, je l'ai ressenti aussi !
    Vos états d'esprit me font penser à ma philosophie de vie. Le bonheur c'est ici et maintenant, c'est le voyage et non la destination, isn't it ?
    Autre aventure pour nous2, un stage de harpe nous attend à Dinan !! mais oui!!
    J'ai hâte de lire vos impressions sur le woofing.
    Bonne forme à tous les 2 !
    Janine

    RépondreSupprimer
  2. Merci beaucoup pour ton message Janine :)
    Contents que vous soyez bien rentrés. La Bretagne me manque je crois...

    On est d'accord ! Le bonheur n'est pas au bout du chemin, C'EST le chemin ! Vivre le moment présent, souvent difficile à expérimenter en France, ce voyage et encore plus ces quelques jours de wwoofing sont d'extraordinaires instants de pratique du "ici et maintenant" ! Et la forme est au rdv ! :)
    Comment vis tu cela au quotidien toi ?

    Stage de harpe ?! ça donne envie !

    PS on contacte Lilian Vezin de suite... merci pour l'info :)

    RépondreSupprimer